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— LE NEVEU DE MOURAT-BEY. —

les mêmes pensées remplissaient son esprit et son cœur.

Cependant la caravane côtoyait le Nil et de ses pieds poudreux avait souvent foulé les ruines fastueuses des monumens des arts, et les restes inanimés des premiers maîtres de cet empire. Elle était enfin arrivée à Kéné ; les ombres du soir commençaient à dessiner les contours de la ville, et Zuhra cherchait en vain le signe qui devait lui faire connaître l’arrivée de Noureddin.

« Rien ne paraît, dit-elle ; la lumière du soleil a fatigué mes yeux comme la vue du désert a flétri mon âme… Ce dernier jour a usé toutes mes forces. Ô mon ami, quel voyage ! quelle lenteur ! quel vide affreux !… Je ne me plains pas cependant, mais je te demande en vain à tout ce qui m’entoure, et le crépuscule du soir ne me laisse distinguer que la timide gazelle qui vient de prendre sa nourriture