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— LE NEVEU DE MOURAT-BEY. —

trouble l’atmosphère, voile le soleil d’une vapeur blanche, sèche et brûlante. La poitrine des voyageurs s’oppresse, leur sang s’enflamme, leurs nerfs s’irritent ; ils croient respirer à l’ouverture d’une fournaise… C’était le terrible simoon[1] ! cet effroyable ouragan qui met en confusion l’ordre connu de la nature, et en change tous les effets. Le ciel devint terne et opaque. Les corps solides, au contraire, se reflétant du peu de lumière qui perce le nuage de sable, paraissaient transparens et brillans. Au travers de cet horizon jaunâtre, d’un jour pâle, sans ombre et sans vie, des milliers d’oiseaux fuyaient au-devant du nuage mortel et cherchaient vainement un abri…

L’orage arrivait avec une effrayante majesté…

  1. On prononce simouen. Les habitans des rives du Nil l’appellent aussi kamsin.