Page:Collectif - Heures du soir 03.djvu/255

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
249
— LE DERNIER RÊVE. —

toujours des enfans de la terre, et j’avais rêvé le ciel. Je le leur dis en les plaignant et me plaignant moi-même, qui aurais dû me contenter parmi mes égaux ; mais il était trop tard, et je ne trompai personne.

J’appelai, j’appelai encore. Il vint enfin.

Il arrêta sur moi ce regard profond de grave pensée et de commisération divine. Je le sentais sans le voir, et des larmes coulèrent de mes paupières baissées. Il s’attendrit intérieurement ; mais en lui comme en moi, un mystère se mêlait à cette tendresse, plus triste en lui, en moi plus tourmentée. Il cherchait mon secret, il cherchait ce qui pourrait me faire du bien ; enfin il me fit signe, et marcha devant moi. Je le suivis le cœur ému.

Il m’introduisit dans un sanctuaire où l’on respirait un parfum de génie et de beauté ; mais on se sentait averti qu’on était encore sur la terre des regrets, aux vibrations douloureuses autant que subli-