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— LA PREMIÈRE RIDE. —

un de ses parens, en qui il avait une entière confiance et qui la méritait, m’assurait-il, par une raison prématurée et une finesse d’observation remarquable.

Était-ce que comme femme je redoutais cette dernière qualité que nous prétendons garder pour nous seules ? Était-ce cette amitié si vive, cette confiance si entière qu’Arthur montrait pour son cousin, qui me prévint contre ce dernier ? le fait est que Roger me déplut extrêmement. Ses yeux railleurs, presque méchans, m’inspirèrent une gêne que je ne pouvais vaincre ; ses manières, qu’Arthur trouvait charmantes, me semblèrent à moi plus libres que distinguées. Son esprit, et il en avait beaucoup, était antipathique avec le mien ; c’était un homme qui analysait tout, et qui, encore très-jeune, n’avait aucune illusion. S’il avait dû cette disposition à des chagrins, à des déceptions, je l’aurais plaint, sans doute, car il lui serait