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— LA PREMIÈRE RIDE. —

remplis, si animés ; c’était de la douleur et un profond regret.

L’ameublement de la chambre nuptiale était restée le même ; sur une table était placé un élégant nécessaire que mon mari m’avait apporté peu de jours après notre union ; et sur un papier jauni parle temps je retrouvai une ligne de sa main, de sa main devenue froide et insensible. Je me rappelai combien je croyais l’aimer alors, et l’ivresse, les transports de mes premiers sentimens. Jusque là j’aurais cru blasphémer si je les eusse comparés à ce que je ressentais pour Arthur ; mais, seule avec moi-même, sans que la voix d’une passion nouvelle m’enivrât, je me dis que le cœur humain se trompait souvent et trompait les autres ; que je l’avais tendrement aimé cet époux qui m’était devenu si indifférent et que j’avais négligé sans même essayer de le ramener. Car pouvais-je me flatter d’avoir fait tout ce que je devais faire pour rendre