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— LE LIVRE DES FEMMES. —

jour sur moi un amour qui n’avait point d’écho dans l’âme de M. de Seignelay, me jetait dans une mélancolie remplie de découragement et de déception. Pour la première fois je mesurai la distance qui séparait les années d’Arthur des miennes, et pour la première fois je la trouvai énorme.

Le grand inconvénient des sentimens exagérés et qu’on a trouvé le moyen de peindre avec des expressions qui ne le sont pas moins, c’est de dégoûter du réel de l’existence et de vous jeter dans une vie d’extase qui rend susceptible et exigeante. Arthur avait passé bien des mois à mes pieds, me sacrifiant tout, ne me quittant qu’avec effort. Eh bien, nous venions d’être séparés trois jours entiers, et cependant il donnait sa soirée à d’autres plaisirs qu’à celui d’être avec moi. Il avait prétendu que je devais être fatiguée, avoir besoin de repos : cela pouvait être, mais je n’en trouvai pas ; et le lendemain et les jours sui-