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— MYSTÈRE. —

Les accords graves et plaintifs allaient, se répétant de rochers en rochers, bien avant sur la mer ; de telle sorte que souvent des pêcheurs, qui passaient, ployaient un moment leur voile pour écouter la syrène chanter. Le bruit s’était accrédité, en effet, qu’un esprit mélodieux habitait ces solitudes.

Un soir, Adda, dans ses folâtreries, laissa tomber du balcon une grande et belle poupée. Oh ! ce fut une désolation. Les flots impitoyables s’emparèrent de l’amie d’Adda et l’emportèrent au loin, car le vent soufflait de terre. Adieu la poupée, adieu les amours de l’enfant ! On la suivit quelque temps des yeux, montant et descendant les vagues, et puis ce fut fini : elle sombra. Adda pleura amèrement, et sa mère, la prenant sur ses genoux, pleura avec elle. C’était un grand chagrin… Eh ! mon Dieu, qui de nous n’en a pas eu de la