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— LE LIVRE DES FEMMES. —

dans sa chambre, elle rêvait, priait, et d’abondantes larmes terminaient ses rêveries et ses prières. « Était-ce là, se demandait-elle, le bonheur que j’avais souhaité ? Qu’elles rendent la réalité cruelle, les déceptions de mes espérances cachées ! Et, se disait-elle encore, n’est-ce pas une fatalité pleine de dérision ? Le malheur qui va s’accomplir s’est préparé dans le temps où, pleine de confiance en moi-même, je croyais pouvoir réaliser dans l’avenir toutes les fictions de mon esprit. Un même souvenir s’est souvent, bien souvent présenté à ma pensée ; je ne me défendais pas contre sa séduction, je croyais voir l’appui, le protecteur d’une jeune mourante. Je m’intéressais de cœur à leur mutuelle affection. Leur amie est devenue ma seconde mère. Où sont-ils tous trois maintenant ? Absorbés dans une même douleur, ils ne songent plus à moi ! Pauvre Clémence ! tu vas mourir. Je gémis sur ton sort, car il