LAUSANNE, dit-on, est avec Edimbourg, Salzbourg et Nuremberg,
l’une des villes les plus pittoresques de l’Europe. Quand on l’aperçoit
de loin, du bateau à vapeur, en plein lac, ou du haut de l’un de ses
édifices publics, elle apparaît étagée sur ses trois collines et comme
enchâssée dans la verdure. Son expansion a cependant forcément nui à son pittoresque.
Dès la seconde moitié du dix-huitième siècle, les vieux remparts qui
l’entouraient commencèrent à disparaître ; les portes de Pépinet, de Chaucrau,
de la Madelaine, de Saint-Pierre et du faubourg de Martheray furent démolies.
La transformation se continua au dix-neuvième siècle ; la rupture architecturale
et archéologique avec le passé s’accentua. En 1805, on démolit la porte de Saint-François
(Grand-Chêne), en 1820, celle de Saint-Laurent, en 1829, celle de Rive
ou d’Ouchy et en 1854 celle de Couvaloup ; les tours de Pépinet et du Grand-Saint-Jean
disparaissaient également. Enfin, en 1890, tomba la porte Saint-Maire.
Cette dernière, placée entre le château et l’ancienne caserne n° 1, appartenait à l’État ; elle n’avait, en elle-même, rien d’esthétique ; elle se recommandait seulement comme témoin du passé et en raison du fait qu’elle contenait une cellule où le major Davel passa la nuit qui précéda son supplice. Sa démolition