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d’un orgue, inauguré en 1903. Ce bel instrument construit par la maison Kuhn, de Mænnedorf près Zurich, a coûté soixante mille francs.

En face de la cathédrale était, autrefois, le palais épiscopal, il n’en resté plus que le donjon, construit par Jean de Cossonay après le grand incendie de 1235, et le corps de logis attenant au donjon, construit au commencement du quinzième siècle, sous l’épiscopat de Guillaume de Challant, où se trouvait la cuisine des évêques. Il est question de restaurer ces parties de l’édifice pour y mettre le musée, en voie de formation, du Vieux-Lausanne. Le reste du bâtiment, connu sous le nom d’Évêché, est moderne, et a été construit partie au dix-huitième siècle, partie au dix-neuvième siècle, pour divers usages et principalement pour servir de prison préventive. La prison de district vient d’être transférée dans un bâtiment construit sur le plateau de la Pontaise.

A côté de l'évêché est une terrasse, ombragée de vieux marronniers, créée en 1707. C’est là que le major Davel fit stationner sa troupe, en arrivant à Lausanne le 31 mars 1723.

Il faut croire que l’ancien Évêché, que flanquaient naguère deux tours massives[1], était, déjà au quatorzième siècle, une résidence peu enviable, car l’évêque Guillaume de Menthonay entreprit, en 1397, la construction d’une habitation plus confortable sur le point culminant de la cité. Ce nouveau palais ne fut achevé qu’en 1425, sous l’épiscopat de Guillaume de Challant ; implanté sur un terrain dépendant du prieuré de Saint-Maire, il fut longtemps appelé Château Saint-Maire. C’est une vaste tour carrée, ou donjon, bâtie en pierres de taille ; les murs ont jusqu’à trois mètres d’épaisseur à la base, la partie supérieure est construite en briques rouges et garnie de mâchicoulis. Après avoir, pendant un siècle, servi aux évêques, il devint, en 1536, la demeure des baillis, puis, après la chute du régime bernois, il fut aménagé pour y recevoir le gouvernement vaudois. Le Conseil d’Etat y tient ses séances ; les Départements dé justice et police et des finances, ainsi que la Chancellerie, y ont leurs bureaux. Une seule pièce a conservé son caractère primitif ; c’est la chambre de l’évêque, salle carrée avec un plafond à caissons et une cheminée ancienne portant la devise des Montfalcon : Si qua fata sinant.

A côté du château est une esplanade, aménagée au dix-neuvième siècle, d’où l’on peut contempler la moitié du canton de Vaud. A l’extrémité de cette terrasse a été construite, en 1803, la salle du Grand Conseil, et un bâtiment fort simple, où siège le Tribunal cantonal ; c’était là qu’étaient, jadis, la maison du chapitre et les écuries de l’évêque.

Devant le château a été érigé, en 1898, au moyen d’une souscription nationale, la statue en bronze du major Davel, par Maurice Reymond. Le héros national est représenté écoutant les voix qui l’appellent à délivrer son pays du joug qui pèse sur lui. Dans un bas-relief de marbre apparaît la gracieuse figure de la belle inconnue qui, dans sa jeunesse, lui avait révélé qu’il aurait un jour une grande mission à accomplir.

  1. Voir le plan de la ville, en 1644, que nous avons reproduit plus haut page 28.