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aux représentations dramatiques. On peut espérer que ce rêve, depuis longtemps caressé, sera bientôt réalisé. On entrevoit, en effet, la construction prochaine, sur le prolongement de la terrasse de Montbenon, d’un Casino avec une petite salle de concerts, une salle pour banquets et bals, et un vaste hall. Les petits chevaux et autres divertissements malsains n’y seront pas admis. Cet établissement pourra servir pour des bazars de charité, pour des expositions de peintures, et des réceptions, lorsque des congrès scientifiques se réuniront dans notre ville, etc. Un Orchestre symphonique y sera attaché et y donnera journellement des concerts, soit en plein air, si la température le permet, soit dans le hall. Ce Casino constituera une attraction pour les étrangers, et sera une source d’agréments pour les Lausannois. L’initiative est partie des maîtres d’hôtel. Si d’autre part, on construit la grande salle pour concerts et réunions de sociétés sur la place de la Riponne, ainsi que la proposition en est faite au Conseil communal, Lausanne n’aura rien à envier à cet égard à Zurich ou à Genève.

A côté des sociétés de musique viennent se ranger les sociétés d’étudiants. La doyenne est celle de Belles-Lettres (casquette verte), fondée par Monnard en 1806 et dont on célèbre cette année le centenaire ; puis celle de Zofingue (casquette blanche), dont la section vaudoise fut fondée en 1820. Ces deux sociétés possèdent, à la Cité et près de Montbenon, des immeubles où se tiennent leurs séances ; l’Helvétia (casquette amarante) a été fondée à la suite des événements politiques de 1847-1848, elle s’est, dans la suite, fusionnée avec Zofingue, sous le nom de Nouvelle Zofingue, puis chacune des Sociétés a repris son indépendance, et la Société de l’Helvétia s’est reconstituée à Lausanne en 1859. La Société de la Stella (casquette blanche avec étoile bleue), fondée en 1857, se recrute parmi les élèves de l’Ecole d’ingénieurs. La Société de la Germania (casquette noire) groupe les étudiants de nationalité allemande. La Lémania (casquette orange) est le centre de ralliement des étudiants catholiques. Suivant une vieille tradition académique, qui remonte au temps de Théodore de Bèze[1], les étudiants ont l’habitude de donner chaque année, des représentations dramatiques qui obtiennent toujours un grand succès, surtout auprès des jeunes filles, dont les fraîches toilettes et les figures épanouies donnent, ces jours-là, à notre théâtre, un aspect très riant. Tous les jours de la semaine, les étudiants ont l’habitude, à la sortie des cours à midi, de se rendre sur la place de Saint-François, pour y faire ce qu’ils appellent des « bords, » ou bien pour former des groupes et discuter à perte de vue avec enjouement ; leurs casquettes aux vives couleurs donnent alors à la vieille place de Saint-François un aspect très animé. Deux autres sociétés : La Muse et la Société littéraire, qui se recrutent parmi les jeunes commerçants, se sont inspirées de l’exemple des étudiants et rivalisent de zèle avec eux. Ces amateurs, sans porter ombrage aux professionnels de l’art dramatique, ne sont pas sans leur causer

  1. Vers 1550 le réformateur Théodore de Bèze fit jouer aux étudiants de Lausanne une tragédie en vers de sa composition intitulée Abraham sacrifiant, qui a été jouée de nouveau à Lausanne, trois siècles et demi plus tard, en février 1906, par des étudiants de Genève cette fois.