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LAUSANNE À TRAVERS LES ÂGES

Les Lausannois se rallièrent très franchement au régime qui leur était imposé. Ils donnèrent la preuve de leur loyalisme en 1588, en déjouant le complot ourdi par le Bourgmestre Isbrand d’Aux pour rétablir à Lausanne la domination savoyarde et le catholicisme (17 décembre) ; en 1653, en aidant LL. EE. à réprimer la révolte des paysans de l’Emmenthal et de la Haute-Argovie ; en 1712, en contribuant pour une large part au triomphe des armes bernoises dans la campagne de Villmergen ; en 1723, en faisant arrêter le major Davel.

LL. EE. s’entendaient à ménager l’amour-propre de leurs sujets : c’est ainsi que chaque Bailli, à son entrée en charge, jurait, comme autrefois les évêques, de maintenir, garder et observer les droits, franchises et coutumes, tant écrits que non écrits, des nobles, citoyens et bourgeois de la commune de Lausanne. Ce serment se prêtait solennellement, devant la porte Saint-Étienne, qui naguère marquait la limite entre la cité épiscopale et la ville, en présence des autorités de la ville et de la suite du bailli, puis la chaîne tendue au travers de la porte était enlevée, et le cortège montait au Château, où étaient rangées les autorités baillivales en costume à la livrée de LL. EE., qui remettaient au Bailli les clefs de sa résidence, après un compliment d’honneur présenté par l’Académie en corps.

Le lendemain, nouvelle cérémonie, cette fois à la cathédrale, où le Bailli était présenté aux autorités par le Trésorier du pays de Vaud et recevait les serments des magistrats du bailliage.


X

Marasme économique. — Arrivée des réfugiés français.

Si LL. EE. savaient entourer de certains égards leurs sujets et entretenaient les populations dans le sentiment du respect dû à la morale et aux autorités, elles ne favorisaient point le développement du commerce et de l’industrie ; elles y apportaient même, parfois, des entraves, en sorte que, privée des pèlerinages qui amenaient naguère des foules à Notre-Dame, la ville de Lausanne végétait. Les biens ruraux que ses habitants possédaient dans le voisinage constituèrent longtemps leur principale ressource.

Vers la fin du dix-septième siècle, l’arrivée des réfugiés français, que la révocation de l’édit de Nantes obligea à chercher une nouvelle patrie, opéra de grands changements dans les mœurs de la plupart des villes de la Suisse romande, notamment à Lausanne. « On comptait parmi les réfugiés, dit l’historien Verdeil, plusieurs familles nobles, qui apportèrent cette urbanité française, cette élégance de mœurs, qui pendant le dix-huitième siècle, distinguèrent la population lausannoise ; des savants, des ministres, des orateurs, des littérateurs, suscitèrent le goût de l’étude. L’un d’eux, le jurisconsulte Barbeyrac, devint professeur à l’Académie, et donna un nouveau lustre à cette institution. Des protestants d’une autre classe contribuèrent à développer l’industrie dans les villes où ils se fixèrent. Ce furent des Français qui créèrent des chapelleries, des imprimeries, des