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LAUSANNE À TRAVERS LES ÂGES

sanne à recevoir bénignement et à traiter humainement les gens de biens et jouissant d’une bonne réputation. » Avec le temps, le prix d’admission à la bourgeoisie s’éleva graduellement. En 1621, il est porté à 400 florins, avec obligation de posséder dans la juridiction 1500 florins en fonds clairs et liquides. La qualité de bourgeois devient héréditaire ; les nouveaux bourgeois et leurs enfants déjà nés ne peuvent prétendre à aucune charge, sinon à celle de membre des seigneurs Deux-Cents, et seulement trois ans après leur réception. En 1668, le Conseil décida qu’il ne serait plus reçu de nouveaux bourgeois aussi longtemps que le nombre des chefs de familles n’aurait pas été ramené à 300. C’était là une mesure dans les idées de l’époque et dont on trouve l’équivalent, peu d’années après, à Berne, à Fribourg et dans beaucoup d’autres villes : elle souleva une vive opposition à Lausanne, et valut à ses Conseils une verte mercuriale du seigneur Bailli Bernard Tscharner. La décision fut annulée ; mais la taxe d’admission à la bourgeoisie fut alors portée à 1000 florins. On la voit s’élever graduellement, en 1720, à 2000 florins ; en 1740, à 2500 florins pour le chef de famille, plus 250 florins pour chaque enfant non marié ; en 1749, à 3000 florins ; en 1768, à 4000 florins ; en 1779, à 5000 florins plus 500 florins par fils.

Au commencement du dix-neuvième siècle, le prix d’admission à la bourgeoisie était de 1400 francs de Suisse (2030 francs actuels). Il a été ensuite ramené à des proportions plus modestes : depuis 1882 il est de 1000 francs pour le chef de famille, plus 200 francs par enfant non marié et de la moitié de cette somme pour les personnes nées à Lausanne ou y habitant depuis cinq ans. On est assez sévère pour ces admissions : on n’admet généralement que des gens domiciliés à Lausanne, de bonnes mœurs et ayant des moyens d’existence assurés ; on ne reçoit pas les déserteurs et autres gens ne pouvant produire des papiers en règle de leurs pays d’origine. Une récente loi fédérale (du 25 juin 1903) oblige les bourgeoisies à réintégrer dans leur giron les veuves, femmes divorcées et leurs enfants qui ont perdu leur bourgeoisie par leur mariage, ainsi que leurs enfants mineurs.

Le rôle des bourgeois était jadis fort sommaire : M. le syndic Cuénoud, qui a voué un soin tout spécial à cette question, a fait établir, en 1885, trois registres de bourgeoisie ; sur le registre A figurent les familles éteintes, mais dont la plupart sont encore représentées par une descendance féminine ; sur le registre B, les familles reçues à la bourgeoisie ou constituées avant le 1er  janvier 1876 ; sur le registre C, les familles reçues ou constituées postérieurement à cette date.

Les admissions à la bourgeoisie prononcées depuis 1850 à 1905, considérées au point de vue de l’origine, se décomposent comme suit :

Vaudois 
5
Confédérés 
20
Allemands 
84
Français 
52
Italiens 
18
Alsaciens 
10
Russes 
5
Polonais 
2
Belges 
2
Danois 
2
Autrichiens 
1
Hollandais 
1
Espagnols 
1
Enfants trouvés 
2
Heimatloses 
1