Page:Collectif - Le livre rose - 1.pdf/301

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vert jusque par-dessus la tête de son sac de pénitent, s’avança au milieu du chœur, promena sur les chanoines, à travers les interstices de son masque de laine, deux flamboyantes prunelles ; et puis, se fixant sur un seul d’entre eux, il vint parler bas à l’oreille du comte de Sault, qui s’en émut.

On a vu que le jeune comte était d’une nature nerveuse et superstitieuse. Chez les anciens, sans nul doute, il eût évoqué les ombres et se fut abandonné aux oracles et aux présages ; au siècle de Catherine de Médicis, il eût mis sa foi dans un astrologue ; plus tard, il se fût attelé au char de Zinzendorff ; plus tard encore, il en eût appelé au génie de Mesmer ou même de Cagliostro ; de nos jours, il se fût fait non pas saint-simonien ou templier, mais au moins magnétiseur et somnambule. De son temps, il offrait un mélange fort ordinaire alors de superstitions gardées du moyen âge et de croyances religieuses, auxquelles venait se joindre un sentiment d’amour , que son âme faible, mais compatissante et bonne, ne pouvait dominer.

Ses yeux, surpris comme par une vision, s’arrêtèrent un instant sur ceux du frère de la Miséricorde, et, après un assez long silence de consultation intime, il répondit, d’un ton bref, ce seul mot : — J’irai.

« — Il faut être prompt, M. le comte, répliqua le