Page:Collectif - Le livre rose - 1.pdf/356

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

qu’il avait trouvé madame de Servière moins aimable, moins belle dans la soirée qui venait de s’écouler ? La colère enlaidit la plus belle des femmes : Ernest ne devinait pas le motif de celle de madame de Servière, mais il avait remarqué la froideur avec laquelle elle avait accueilli son amie malade ; et déjà un chagrin d’Emma était une offense envers lui. Enfin la passion d’Ernest en était arrivée à ce désenchantement qui permet d’écouter la raison, et il s’avouait que madame de Servière manquait de ce charme que donnent la bonté et la douceur. Il se rappelait l’âcreté de ses paroles quand elle parlait des femmes, et cependant, sans fatuité, il pouvait se dire qu’elle avait paru souvent touchée de ses regards, et qu’elle avait déployé à son égard une coquetterie bien perfide.

Plusieurs heures se passèrent ; tout paraissait calme dans la maison, mais M. de Sernan ne songeait point à prendre du repos ; une agitation pénible le tenait éveillé, quand il entendit un sourd gémissement ; il prêta l’oreille, il lui parut venir de l’appartement au-dessus du sien : c’était celui qu’occupait madame de Verneuil. Il avait entendu dire plusieurs fois, à M. de Servière, que l’état d’Emma était inquiétant ; que son médecin craignait, à chaque instant, que quelque accident augmentât le danger. La froideur que lui avait montrée madame de Servière pouvait