Page:Collectif - Le livre rose - 1.pdf/362

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« — Mon Dieu ! s’écria-t-elle avec terreur, est-ce qu’elle ne serait plus ?

« — Elle vit, dit Ernest, qui était demeuré près du lit dans une complète immobilité, elle vit, j’en suis sûr. »

Il y avait dans ces paroles, dans l’assurance avec laquelle Ernest affirmait l’existence d’Emma, comme la conscience d’une intimité subite qui l’avait lié à son sort, qui le rendait responsable de sa vie, et qui blessa vivement madame de Servière.

« — Je ne puis rien faire de plus que ce que j’ai or donné, reprit-elle avec amertume, aussi je me retire ; et vous, monsieur, voulez-vous donc demeurer ici ? » Il hésita un instant, puis il la suivit. Il comptait la quitter près de son appartement, quand elle l’arrêta.

« — Je vous croyais beaucoup moins sensible, prononça-t-elle avec dépit ; j’ai été fort souffrante hier soir, et pour moi, la femme de votre tuteur, de votre ami, votre intérêt s’est exprimé d’une manière bien moins empressée. Vous connaissez si peu madame de Verneuil.

« - Il est vrai, répondit Ernest, mais elle m’est apparue au milieu d’un danger qui ne laisse écouter que la pitié. Elle est seule, sans famille, presque mourante ; vous, madame, toutes les prospérités vous environ-