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duire aussi facilement les malheureux effets des autres boissons mises en usage, et dont la variété semble prouver la nuisance.

Jean-Jacques Rousseau, continuant l’école de Pythagore, proscrivait le vin comme une boisson artificielle ; et pourquoi ne pas proscrire le pain qui est bien aussi une nourriture artificielle ? Non. Dieu a donné à l’homme différentes nourritures pour son usage et son bien, et il doit s’en servir.

Le besoin du vin se fait sentir parmi nous, pour aider d’abord à la réforme devenue nécessaire, et aussi pour refaire notre société débilitée, cette partie de notre société amaigrie, toujours malade, à qui on ne peut prescrire un bon vin que nous n’avons pas. Le vin, en effet, est certainement utile à la santé, et les autorités médicales sont bien d’accord à le considérer comme un tonique réparateur au plus haut degré ; les cordiaux merveilleux ont presque tous pour base un vin choisi, un vin riche en sucs nourriciers.

Le vin est un aliment et un remède : aliment de la nature affaiblie, remède de l’organisme malade. Espérons qu’avant longtemps nous aurons un vin canadien qui remplira ce double but.

Parler du vin, c’est bien cependant penser à l’amour, et penser à l’amour c’est vouloir parler de la femme.

La femme continue-t-elle à occuper l’attention de la science, allez-vous me dire ? Oui, plus que jamais.

L’émancipation de la femme est toujours la question à l’ordre du jour. La femme, se basant sans doute sur le proverbe : « Ce que femme veut Dieu le veut, » veut réussir dans son projet masculin, comme s’il n’en était pas de ce proverbe comme de bien d’autres… De tous côtés, il n’y a qu’un cri, et mes lectrices me pardonneront si je leur dis que c’est un cri de femme. Suffrage de la femme, contrôle de toutes les positions sociales par la femme, voilà le motto partout, excepté ici, où nos femmes ont assez de cœur pour comprendre qu’il vaut mieux être bonnes épouses, et assez d’intelligence pour ne se mêler que de leur propre affaire.

La science s’alarme avec la société de cette ambition déplacée qui ne peut que tourner au mal de tous, parce que la science comprend qu’il est nécessaire pour le bien de tous