Page:Collectif - Revue canadienne, Tome 1 Vol 17, 1881.djvu/187

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Pour beaucoup de fabriciens et leurs représentants, ce grand meuble, dont ils admirent avant tout les proportions ou la richesse, cache plus d’un mystère. De là cette extrême facilité avec laquelle on a accueilli le premier facteur venu sur un simple brevet de ponctualité ou d’accommodement facile[1], ou encore parce qu’on possède de lui dans une paroisse voisine un gros orgue bien puissant pour le prix qu’il a coûté.

« Comment ignorer, dit justement Régnier, que rien n’est si cher que le bas prix dans les choses qui ne le comportent pas. On sait la valeur de tous les matériaux et de la main-d’œuvre ; cette valeur ne peut diminuer de prix qu’en diminuant la confection et le volume. »

Non le volume du son, car pour celui-là votre facteur vous en donnera à discrétion et à très bon marché.

Il faut vraiment une candeur à toute épreuve pour faire de trois clauses uniques la teneur d’un marché : lo Tant de registres. 2o Dimensions du buffet. 3o Une date de livraison.

Trois chiffres pour toute garantie. Aussi que de retranchements et d’économies possibles derrière ces trois chiffres, que de matériaux de qualité inférieure ou mal conditionnés pourront se glisser dans l’intérieur de ce buffet aux dimensions rigoureusement observées et, qui plus est, livré ponctuellement pour la solennelle circonstance dont il devait être l’occasion ; que de demi-jeux grands ou petits vont recéler ces imposantes rangées de boutons aux inscriptions variées mais ne représentant que de l’uniformité ou du vacarme à bon marché.

Par la diversité et la qualité des matériaux, la précision et le fini de la main-d’œuvre, un orgue est la plus compliquée, la plus délicate de toutes les entreprises, et par conséquent celle qui exige les stipulations les plus détaillées.

Exposer les conditions indispensables d’une bonne facture serait donc rendre un véritable service aux fabriques dans la responsabilité qu’elles encourent à l’égard de leurs paroissiens, et ne pourrait qu’être agréable aux facteurs

  1. On a déjà exprimé devant moi une conviction morale de la supériorité d’un facteur, tout en disant qu’on avait dû lui préférer un ouvrier dont les termes étaient plus faciles et plus longs.