VILLE ET VILLAGE.
Dans les murs des cités, votre ciel est trop sombre,
Les fleurs ne vivent point, les arbres n’ont pas d’ombre.
Dans vos cages, non, non ! l’oiseau ne chante pas
Vos rayons sont trop froids, rendez-lui nos frimas,
Ces ombres des grande bois, l’air embaumé des plaines,
L’odeur des foins fanés, les fleurs, les marjolaines.
Il me faut le silence et vous avez le bruit ;
Il me faut le grand jour et vous avez la nuit.
Je veux toujours garder mes grands bois, mon village,
La douce paix des champs, la pauvre fleur sauvage.
Laissez-moi mon pain noir, les fraises, les bleuets.
Dormant dans les blés mûrs, aux revers de guérets,
Laissez-moi le bonheur et gardez votre vie
Mon toit de cèdre blanc — pour moi — c’est la patrie.
À l’ombre des grands pins, je veux encor m’asseoir,
Je veux vous écouter, soupirs, des vents du soir ;
Il est si beau de voir s’endormir la nature
Et les derniers rayons agitant la ramure.
Ô bruits mystérieux, qui chantez aux ruisseaux,
Doux baisers des zéphirs aux tiges des roseaux,
Rumeurs des bois, des champs, des arbres, des prairies,
Qui peut vous remplacer, sublimes harmonies ?