Page:Collectif - Revue canadienne, Tome 1 Vol 17, 1881.djvu/358

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Beaucoup des premiers colons du Colorado, furent des Canadiens-français venus en partie des États de l’Est ; il y a de tels endroits où ils sont assez nombreux pour réclamer quelque fois le ministère d’un prêtre parlant le français. Là où il faut du courage et de la persévérance, on rencontrera toujours ces braves compatriotes à la force herculéenne, passant gaiement à travers les plus grands dangers, emboîtant le pas aux missionnaires de la Foi et frayant aux timides un chemin que ceux-ci n’auraient jamais osé braver. La race canadienne a donné des preuves de son énergie native aux quatre coins de l’Amérique Septentrionale ; c’est-à-dire de la Baie d’Hudson à la Nouvelle-Orléans, de New-York à San Francisco ; et si les valeureux pionniers qu’elle a produits ne sont pas toujours parvenus à la fortune, ils ont du moins fortement contribué au développement de grandes et belles contrées, et cette gloire n’a rien à envier à la première.

Sans se baser sur un recensement récent et exact — car il n’en existe pas — on peut dire que Denver renferme actuellement une population de 30 à 35,000 âmes. Ses habitations sont généralement petites quoique gracieuses, mais l’on construit depuis quelque temps d’une façon plus large et plus confortable ; aussi la ville prend une apparence plus solide et semble se reposer sur un avenir certain. Beaucoup de maisons ont leur petit parc, mais l’on ne parvient à entretenir la fraîcheur de la pelouse et des arbres qu’à force de patience et de travail : il faut un arrosement continuel devant lequel les gens ne reculent pas et dont ils se font, au contraire, un agréable passe-temps. Les plantations de Denver consistent en érables, et en cotton-woods, peupliers d’une espèce inférieure, mais d’une pousse facile et prompte. Pour obtenir cette végétation, il a fallu creuser des fossés dans toutes les rues et y amener l’eau de la Platte au moyen d’un canal qui passe au-dessus de la ville. Les édifices les plus remarquables sont les Écoles Publiques ; elles sont au nombre de neuf et plusieurs milliers d’élèves des deux sexes y reçoivent leur éducation. Les hôtels sont généralement bien tenus ; le plus remarquable est le « Windsor » à peine terminé. Cet établissement vise à l’importance de celui de Montréal, mais il lui est de beaucoup inférieur.

C. N. Panneton.

(À continuer.)