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CAUSERIE MUSICALE.

L’ORGUE. — (Suite.)


L’on croit hâter ses progrès en dévorant pages sur pages avec des bégaiements sans fin, des doigtés de hasard, des liaisons mal définies et mille autres négligences.

En procédant ainsi on peut sans doute apprendre à lire couramment, mais au point de vue de la correction, on ne réussit qu’à perpétuer la lutte contre des difficultés toujours croissantes, et à rendre le travail infructueux. La lecture réfléchie d’un court passage, la répétition au besoin d’une formule plus compliquée assurera davantage le succès, car c’est ici qu’il faut suivre le précepte de Boileau : se hâter lentement.

L’étude de la pédale. — Quand les doigts auront été rompus à la plupart des combinaisons de la polyphonie, on entreprendra l’étude de la pédale, non de celle qui double servilement la main gauche, et qui est pour ainsi dire facultative,[1] mais de cette partie obligée et indépendante qui se lit le plus souvent sur une troisième portée, et dont la marche distincte vient presque toujours contrarier le mouvement des doigts. C’est avant tout de cette pédale que l’organiste tirera les effets les plus nobles et les plus variés, car elle offre toutes les ressources d’une troisième main par l’addition d’une et même de deux parties concertantes, et en permettant des oppositions de timbres au moyen des différents claviers.

Dès les premières leçons au clavier-manuel, l'élève pourra se préparer à cette étude difficile par des exercices sur le pédalier seul. Ces exercices qu’on trouve dans toutes les

  1. Cet usage de la pédale bien qu’autorisé et même d’un bon effet, n’exige cependant aucune habileté. Si l’ambition du véritable artiste se bornait à la seule difficulté vaincue, combien ne devrait-il pas être parfois découragé par le succès de procédés en apparence difficiles mais qui ne coûtent aucun travail.