Page:Collectif - Revue de métaphysique et de morale, numéro 5, 1913.djvu/107

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seur d’une pellicule photographique, deux rayons lumineux perpendiculaires l’un à l’autre et polarisés dans un même plan. On observait des franges, après développement, si ce plan de polarisation coïncidait avec le plan des deux rayons, et rien s’il lui était perpendiculaire.

La théorie de Fresnel, comme celle de Neumann, assimile la lumière à une perturbation transversale se propageant dans un éther doué de propriétés analogues à celles d’un milieu solide élastique. Pour Fresnel, le déplacement d’un point du milieu est perpendiculaire, pour Neumann il est parallèle au plan de polarisation. Si l’on admet, ce que firent implicitement les partisans de Fresnel, que les actions produites par la matière sont déterminées par la grandeur ou l’amplitude de ce déplacement périodique, ou ce qui revient au même, par l’énergie cinétique présente dans l’éther, on déduit aisément de l’expérience de Wiener que le déplacement ne peut être, comme le pensait Fresnel, que perpendiculaire au plan de polarisation.

Poincaré mit en évidence l’hypothèse tacite et fit observer que la propagation d’une onde élastique suppose la présence, à côté de l’énergie cinétique, d’une énergie potentielle déterminée, non plus par la vitesse de variation du déplacement dans le temps, mais par sa variation d’un point aux points voisins, par la déformation du milieu qui résulte de cette variation. Or il serait, au point de vue élastique, plus raisonnable d’admettre que les actions chimiques de la lumière sont déterminées par les déformations que son passage produit dans les molécules plutôt que par le mouvement d’ensemble qu’elle leur communique.

Si l’on fait cette hypothèse, l’expérience de Wiener conduit à conclure en faveur de la théorie de Neumann. En l’absence de raison décisive pour admettre l’une ou l’autre hypothèse, l’expérience perd toute signification au point de vue de la théorie élastique. Elle en prend au contraire une très simple et très intéressante dans la théorie électromagnétique en montrant que les actions chimiques produites par la lumière sont déterminées par l’intensité du champ électrique présent dans la perturbation, à l’exclusion du champ magnétique qui l’accompagne. Ce résultat vient à l’appui de la théorie électromagnétique : on connaît en effet le lien intime révélé par l’électrolyse entre les décompositions chimiques et la présence d’un champ électrique alors qu’on n’a jamais observé la moindre