Page:Collectif - Revue pittoresque 1848.djvu/60

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

rencontre à l’Opéra des femmes qui ont vingt-neuf ans — depuis douze ou quinze ans — et qui vous montrent, si vous voulez, leur pied fin, leur cou blanchi, leur épaule peinte, mais jamais leur figure. — L’autre nuit, un grave et austère savant de la Sorbonne citait saint Jérôme pour décider une jolie coquette à se démasquer : « Speculum mentis est facies, et taciti oculi mentis fatentur arcana. » C’est-à-dire, en langue vulgaire : Ne me parlez pas, madame, mais montre-moi ton nez. — Tu sais le latin, lui dit la dame ; tant pis ! le latin, c’est le masque de l’esprit. Quand on n’a pas de figure, on met un masque. Disant ces mots, la dame se démasqua pour prouver qu’elle avait de la figure.

On raconte tout bas qu’on a surpris dans une loge de l’Opéra une marquise bien connue, déguisée en marquise du dix-huitième siècle, avec une autre marquise du dix-huitième siècle qui avait coupé le matin, pour la circonstance, sa jeune moustache de capitaine de dragons.