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NOTICES DIVERSES

Dans le sens alchimique, voici quelles sont les clefs de l’art, d’après Roger Bacon[1] : sunt igitur claves artis : congelatio, resolutio, inceratio, proportio ; sed alio modo, purificatio, distillatio, separatio, calcinatio et fixio.

C’est-à-dire : « les clefs de l’art sont la solidification, la résolution (à l’état liquide ou dissous), le ramollissement, l’emploi des proportions convenables (dans les matières, ou dans les agents, tels que le feu) ; ou d’une autre façon, la purification, la distillation (par évaporation ou filtration, d’après l’ancien sens de ce mot : couler goutte à goutte), la séparation, la calcination et la fixation (des métaux fusibles ou volatils, ramenés à l’état solide et résistant au feu) ».

De même dans Vincent de Beauvais (Speculum majus, VIII, 88) : « les clefs ou les pratiques de cet art sont la mortification (amortissement des métaux), la sublimation, la distillation, la solution, la congélation, la fixation, la calcination ». Basile Valentin parle aussi des douze clefs de l’art.

Cobaltcobathia — kobold. — Le cobalt est réputé avoir été découvert en 1742 par Brandes, qui l’isola sous forme métallique. Son nom même est tiré de celui de certains de ses minerais, appelés kobalt ou kobold, et constitués par des arséniosulfures complexes. Ce nom de kobold a été expliqué jusqu’ici par celui de certains démons trompeurs, habitant les mines : c’est, dit-on, une allusion à la difficulté de traiter ces minerais et aux tentatives infructueuses que l’on avait faites pour en extraire du cuivre, métal indiqué par la production des verres bleus, qui dérivent de ce minerai.

En fait, le bleu de cobalt était connu des anciens. H. Davy a trouvé ce métal dans certains verres bleus, d’origine grecque et romaine, et M. Clemmer dans des perles égyptiennes. Le bleu mâle de Théophraste, opposé au bleu femelle, ne serait autre que du bleu de cobalt, opposé aux dérivés bleus du cuivre. L’étymologie même du mot cobalt semble remonter au grec. En effet, dans le Lexicon Alchemiœ Rulandi, p. 158, on lit : Cobatiorum fumus est kobolt ; c’est-à-dire « la fumée des cobatia, c’est le kobolt ». Cette expression « fumée des cobathia » figure dans un passage d’Hermès cité par Olympiodore (texte grec, p. 85). Elle est traduite dans le Lexique alchi-

  1. Bibl. chem. de Manget, t. I, p. 623.