Page:Collection des anciens alchimistes grecs - L1, 1887.djvu/39

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
5
PAPYRUS DE LEYDE


phraste et par Pline sur la minéralogie et la métallurgie des anciens ; ce qui parait indiquer que plusieurs de ces recettes remontent aux débuts de l’ère chrétienne. Elles sont peut-être même beaucoup plus anciennes, car les procédés techniques se transmettent d’âge en âge. Leur comparaison avec les notions aujourd’hui acquises sur les métaux égyptiens (1)[1], dune part, et avec les descriptions alchimiques proprement dites, dautre part, confirme et précise mes inductions précédentes sur le passage entre ces deux ordres de notions. Je me suis attaché à pénétrer plus profondément ces textes, en faisant concourir à la fois les lumières tirées de l’histoire des croyances mystiques des anciens et de leurs pratiques techniques, avec celles que nous fournit la chimie actuelle : je me proposais surtout d’y rechercher des documents nouveaux sur l’origine des idées des alchimistes relatives à la transmutation des métaux, idées qui semblent si étranges aujourd’hui. Mon espoir n’a pas été trompé ; je crois, en effet, pouvoir établir que l’étude de ces papyrus fait faire un pas à la question, en montrant avec précision comment les espérances et les doctrines alchimiques sur la transmutation des métaux précieux sont nées des pratiques des orfèvres égyptiens pour les imiter et les falsifier.

Le nom même de l’un des plus vieux alchimistes, Phiménas ou Pammenès, se retrouve à la fois, dans le papyrus et dans le Pseudo-Démocrite, comme celui de l’auteur de recettes à peu près identiques.

Étrange destinée de ces papyrus ! ce sont les carnets d’un artisan faussaire et d’un magicien charlatan, conservés à Thèbes, probablement dans un tombeau, ou, plus exactement, dans une momie. Après avoir échappé par hasard aux destructions systématiques des Romains, à des accidents de tout genre pendant quinze siècles, et, chose plus grave peut-être, aux mutilations intéressées des fellahs marchands d’antiquités, ces papyrus nous fournissent aujourd’hui un document sans pareil pour apprécier à la fois les procédés industriels des anciens pour fabriqueras alliages, leur état psychologique et leurs préjugés mêmes relativement à la puissance de l’homme sur la nature. La concordance presque absolue de ces textes avec certains de ceux des alchimistes grecs vient, je le répète,

  1. (1) Origines de l’Alchimie, p. 211.