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PAPYRUS DE LEYDE

l’encre mystique fabriquée avec les sept parfums[1] et les sept fleurs[2], au moyen de laquelle on écrivait les formules magiques sur le nitre, d’après le papyrus suivant (pap. V, col. 6, l. 5 : col. 3, l. 8 ; col. 9, l. 10 ; col. 10, 1. 41 : en effet, la lettre Ζ exprime précisément le nombre sept, et se retrouve, isolée, avec ce sens dans le même papyrus (col. 11, l. 26 ; V. aussi col. 6, l. 5).

Cette composition rappelle, par sa complexité, celle du Kyphi, substance sacrée[3] des Égyptiens.

2o Le procédé[4] pour affiner l’or (Ἴωσις χρυσοῦ)[5], ne manque pas d’intérêt, il est cité d’ailleurs dans une préparation sur la coloration de l’or, donnée dans le papyrus X alchimique ; ce qui établit la connexité des deux papyrus. Ajoutons qu’il se trouve transcrit entre une formule pour demander un songe (ὀνειρετητόν) et la description d’un anneau magique qui donne le bonheur ; ce qui montre bien le milieu intellectuel d’alors : les mêmes personnes pratiquaient la magie et la chimie. Enfin ce procédé renferme une recette intéressante, par sa ressemblance avec la méthode connue sous le nom de cément royal, à l’aide de laquelle on séparait autrefois l’or et l’argent. Donnons d’abord la traduction de ce texte :

  1. Voici le texte même du Papyrus W : « Les sept parfums sont : le styrax consacré à Saturne, le malabathrum à Jupiter, le costus à Mars, l’encens au soleil, le nard indien à Vénus, le casia à Hermès, la myrrhe à la lune. »
  2. Voici le texte du papyrus V : « Les sept fleurs, d’après Manéthon (l’astrologue), sont : la marjolaine commune, le lis, le lotus, Eriphyllium (renoncule ?) le narcisse, la violette blanche, la rose. » (Pap. W, col. 1, l. 22.) On les broie dans un mortier blanc 21 jours avant la cérémonie et on les sèche à l’ombre.
  3. Origines de l’Alch., p. 30. Diosc. Mat. méd., I, 24.
  4. Papyri græci, V, col. 6.
  5. Le mot ἴωσις a quatre sens : il signifie :

    1o L’opération de la rouille, c’est-à-dire l’oxydation d’un métal ;

    2o L’affinage du métal, lequel est souvent connexe avec l’oxydation du métal impur, celle-ci tendant à éliminer les métaux étrangers dont les oxydes sont plus stables : ce qui est le cas des métaux alliés à l’or dans la nature ;

    3o La virulence, ou possession d’une propriété active spécifique : telle notamment que celle que l’oxydation développe dans certains métaux ; mais avec un sens plus compréhensif ;

    4o Enfin la coloration en violet. Ce dernier sens, qui se trouve chez les alchimistes et qui répond parfois à la formation de certains dérivés colorés de l’or, n’est pas applicable ici.