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PAPYRUS DE LEYDE

trois fois son poids de misy[1] ; puis on répète l’Opération avec 2 parties de sel et 1 partie de la pierre appelée schiste[2]. De cette façon, il donne des propriétés actives aux substances chauffées avec lui, tout en demeurant pur et intact. Le résidu est une cendre que l’on conserve dans un vase de terre. »

Pline ajoute que l’on emploie ce résidu comme remède. L’efficacité de l’or, le plus parfait des corps, contre les maladies et contre les maléfices est un vieux préjugé. De là, au moyen âge, l’idée de l’or potable. La préparation indiquée par Pline devait contenir les métaux étrangers à l’or, sous forme de chlorures ou d’oxychlorures. Renfermait-elle aussi un sel d’or ? À la rigueur, il se pourrait que le chlorure de sodium, en présence des sels basiques de peroxyde de fer, ou même du bioxyde de cuivre, dégageât du chlore, susceptible d’attaquer l’or métallique ou allié, en formant du chlorure d’or, ou plutôt un chlorure double de ce métal. Mais la chose n’est pas démontrée. En tous cas, l’or se trouve affiné dans l’opération précédente.

C’est en effet ce que montre la comparaison de ces textes avec l’exposition du procédé du départ par cémentation, donnée par Macquer (Dictionnaire de chimie, 1778). Il s’agit du problème, fort difficile, qui consiste à séparer l’or de l’argent par voie sèche. On y parvient aujourd’hui aisément par la voie humide, qui remonte au XVIIe siècle. Mais elle n’était pas connue auparavant. Au moyen âge on opérait cette séparation soit au moyen du cément royal, soit au moyen d’une sorte de coupellation, assez difficile à réaliser, et où le soufre et l’antimoine remplaçaient le plomb.

Voici la description donnée par Macquer du cément royal, usité autrefois dans la fabrication des monnaies. On prend 4 parties de briques pilées et tamisées, 1 partie de vitriol vert, calciné au rouge, 1 partie de sel commun ; on en fait une pâte ferme que l’on humecte avec de l’eau ou de l’urine. On la stratifie avec des lames d’or minces, dans un pot de terre ; on lute le couvercle et on chauffe à un feu modéré pendant vingt-quatre heures, en prenant garde de fondre l’or. On répète au besoin l’opération.

  1. Le misy représente le produit de l’oxydation lente des pyrites, renfermant à la fois du sulfate de cuivre et du sulfate de fer plus ou moins basique. (Voir plus haut, page précéd., note 5).
  2. Le schiste de Pline signifie un minerai divisible en lamelles : c’est tantôt de l’alun, tantôt un minerai de fer congénère de l’hématite (Hist. nat., XXVI, 37).