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Page:Collesson - Memoires de madame Du Hausset.djvu/198

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cela vouloit dire, et il répondit : « D’après M. de Choiseul, on croit du bon air d’aimer sa sœur ; et je connois de sottes bêtes dont le frère n’avoit pas jusqu’ici fait le moindre cas, qui sont aujourd’hui aimées à la folie. Elles n’ont pas sitôt mal au bout du doigt que le frère est en l’air pour faire venir des médecins de tous les coins de Paris. Ils se persuadent que l’on dira chez M. de Choiseul : Il faut convenir que M. de … aime bien sa sœur ; il ne lui survivroit pas s’il avoit le malheur de la perdre. »

Madame raconta cela à son frère devant moi, en ajoutant qu’elle ne pouvoit rendre le ton comique du duc. M. de Marigny lui dit : « Je les ai devancés sans faire tant de bruit, et ma petite sœur sait que je l’aimois tendrement avant l’arrivée de M me de Gramont etde son chapitre. Cependant, dit-il, je crois que le duc d’Ayen n’a pas tort, et cela est plaisamment observé à sa manière, et vrai en partie. — J’oubliois, repartit Madame, que M. le duc d’Ayen avoit dit : « Je voudrois bien être à la mode ; mais quelle sœur prendrois-je ? Mme de Caumont est un diable incarné ; M me de Villars, une sœur du pot ; Mme d’Armagnac, une ennuyeuse ; M me de la Marck, une folle. — Voilà de beaux portraits de famille, Monsieur le duc ! » disoit Madame. Le duc de Gontaut rioit aux éclats pendant ce temps-là.