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Page:Colletet - Notices biographiques sur les trois Marot, éd. Guiffrey, 1871.djvu/56

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Les Trois Marot.

Mais des pfeaumes faints tes riches ver/tons
Te couronnent, Marot, d’une éternelle gloire.

Il eft bien jufte auffy que, comme il loue hautement la beauté de fon efprit, il condamne ailleurs le libertinage de fa vie, en difant que ce poëte ayant paffé prefque toute fa vie à la fuitte de la cour où Fhonnefteté & la pieté n’ont guère d’audiance, il ne fe foucia pas beaucoup de reformer fa vie peu chreftienne, ains fe gouvernoit à fa manière accouftumée mefme en fa vieilleffe. C’eft le jugement de Beze ; mais après tout laiflbns au grand & divin fcrutateur des cœurs, fi j’ofe efcorcher ce mot du latin des Efcritures Sainéles, à juger des aétions des hommes puifqu’il en juge nettement & fans paiîîon. Quoy que Joachin du Bellay en plufieurs endroits de fon traiélé de V Illujiration de la langue françoife femble ne pas eftimer beaucoup les œuvres de Marot, lorfqu’il fe rid de ceux qui s’attachent fî fort à Fimiter (1. 5, c, 8.) qu’il femble mefme le blafmer, o chofe eftrange, pour avoir, did-il, trop fuperftitieufement entremeflé dans tous fes pfeaumes les vers mafcuhns avec les féminins, & qu’il appelle le demeflé, qu’eut ce poëte avec un de fes plus fameux adverfaires, la farce de Marot & de Sagon. Si eft ce qu’il ne put s’empefcher de rendre le tefmoignage à la vérité lorfqu’il compofa une epitaphe en fa louange, dont je ne rapporteray que les premiers vers, puifqu’on la peut voir entière dans fes œuvres qui font fort publiques.