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Page:Collignon - Lysippe, Laurens.djvu/126

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LYSIPPE.

sûre d’elle-même. Il va plus loin encore. Tel qu’il le traite, le type d’Héraclès devient une figure presque tragique, tant le contraste est saisissant entre la force physique du héros et l’expression douloureuse du visage qui trahit avec tant de force une lassitude découragée. Il n’est pas exagéré de dire qu’il révèle à la sculpture des ressources à peine entrevues par ses devanciers ; il l’engage heaucoup plus avant que ne l’avait fait Scopas dans la voie du pathétique, et l’exemple ne sera pas perdu pour ses successeurs.

En résumé, une fécondité infatigable, qui est bien un signe de maîtrise ; un goût décidé pour le réalisme ; une volonté persistante d’observer la nature ; une rare aptitude à voir et à rendre les particularités individuelles ; une habileté d’exécution qui se trouve à l’aise aussi bien devant une figure colossale que devant une statuette ; une prédilection marquée pour les types où prédominent l’énergie et la force, et qui s’associe peut-être avec une certaine indifférence pour des types de beauté plus délicats et plus voluptueux ; une préoccupation constante de reculer les limites du domaine ouvert à la sculpture en adoptant un système de proportions plus libre, en faisant des emprunts aux ressources de la peinture ; enfin le sens du pathétique, et une tendance marquée à orienter la sculpture vers la recherche de l’émotion dramatique : tous ces traits composent une physionomie robuste et puissante qui est bien celle d’un chef d’école.