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Page:Collin - Sisyphe et le Juif errant, 1914.djvu/37

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LE JUIF.

Va, je te donne volontiers le mien. Poursuis le soleil, Sisyphe ; déjà il touche la terre et tu le fuiras bientôt.

SISYPHE.

Hélas ! Toi, qui n’es pas robuste et dont les mains sont desséchées et fragiles, pourras-tu jamais remuer mon rocher ?

LE JUIF.

Mais non, Sisyphe, ton bloc est solidement fixé au sol et je me garderai bien de le faire rouler de la montagne.

J’ai, au reste, un grand besoin de me reposer longtemps ; et ce plateau, cet arbre, ces coteaux riches de fruits et de sources, ce compagnon qui siffle, me font