Page:Collin - Sisyphe et le Juif errant, 1914.djvu/55

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Tais-toi, que tes blasphèmes n’aillent pas troubler les habitants divins de cette montagne ; car ceux-ci m’étaient chers, sans que je l’eusse, avant cette heure, deviné, et tu devras les aimer à ton tour.

C’étaient mes compagnons et j’avançais au milieu deux. Ils étaient, peut-être, là pour m’entourer ; et j’ai l’orgueil, mon frère, non seulement d’avoir, comme toi, subi la colère d’un dieu, mais d’avoir été gardé pendant longtemps par tout un peuple de dieux dont ce fut, semble-t-il, le seul souci d’épuiser mon malheur.

Certes je l’aurai ignoré jusqu’aujourd’hui ; je n’avais songé qu’à ma fatigue, et pourtant il n’y eut pas un gémissement de ma gorge, pas un effort de mes muscles, auquel ne répondît un peu de la bonté des dieux de ma montagne.