Page:Collin - Sisyphe et le Juif errant, 1914.djvu/62

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Demain tant d’autres images emplissant mes yeux, recouvriront celle-ci ! Laisse-moi vivre doucement cette minute.

Partir, partir ! Ma montagne, mon rocher !

LE JUIF.

Sisyphe, ne t’attarde pas. De songer à ton départ, de deviner tes étonnements, d’entrevoir les paysages qui vont s’ouvrir devant tes pas, je sens déjà la fatigue de m’être arrêté et je souffre déjà d’avoir dépouillé le manteau du Juif errant.

Va-t-en, Sisyphe, le soir bleuit la vallée, et ce silence que seules troublent nos voix et la chanson, pareille à celle de la mer, de notre sang à nos tempes, c’est l’attente de nos adieux.