Dans ma tombe, vivante encor, la jalousie
Brûle de ses transports mes sens pourtant glacés.
Le trépas n’en a point calmé la frénésie…
Je suis jaloux, jaloux, ainsi qu’aux jours passés.
Ah ! si le souffle pur et frais de ton haleine
Est frais et pur encor pour un autre que moi !…
J’y songe frémissant, angoissé, l’âme pleine
De la muette horreur d’un impuissant émoi !
Quand j’écoute les bruits humains, je crois entendre
Ta voix, ta chère voix, qui murmure tout bas,
Tout bas, et d’un accent voluptueux et tendre,
Un nom… Et c’est un nom que je ne connais pas !
Alors chacun des mots que prononcent tes lèvres
Semble un tison cruel qui tombe sur mon cœur
Et sous mon front blêmi vient rallumer des fièvres
Dont j’espérais éteinte enfin la folle ardeur !…
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L’AMOUR D’UN MORT