Si j’avais su, mes doigts auraient été moins prompts
À disposer des nœuds de rubans écarlates
Brodés d’argent, pour en orner mes cheveux blonds ;
J’aurais eu moins souci de bien tresser mes nattes,
Et de mes beaux habits tirant moins vanité,
J’aurais pris moins de soin d’en parer ma beauté !
Je ne me serais pas levée avant l’aurore
Pour courir au détour du chemin vicinal,
Mouillant mes pieds tremblants dans l’herbe humide encore,
Et guettant le départ du chasseur matinal
Qui galopait par là, les yeux brillants de joie,
Faucon au poing, semblant déjà flairer la proie !
Je n’aurais pas, le soir, veillé seule, si tard,
Sur le seuil du logis, du côté de la route,
Inquiète, plongeant au lointain mon regard,
L’âme pleine à la fois d’espérance et de doute,
En attendant qu’il vint conduire à l’abreuvoir
Son cheval fatigué… Si j’avais pu prévoir !…
Page:Collin - Trente poésies russes, 1894.djvu/148
Apparence
Cette page a été validée par deux contributeurs.
142
TRENTE POÉSIES RUSSES