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TRENTE POÉSIES RUSSES

Lorsque le temps vint de la floraison,
Il invita dans son humble maison
Tous les petits Hébreux du voisinage,
Qui, sans ménagement, comme on fait à cet âge,
Mirent le jardin au pillage.
Des fleurs et des boutons ce fut un tel carnage
Qu’on n’en laissa point pour Jésus.
Des bambins la joie était grande ;
Pourtant, craignant la réprimande,
Ils prirent tous un air confus
Et dirent : « Maintenant, ami, tu n’auras plus
De quoi te faire une guirlande.
Nous t’avons dépouillé.
Nous t’avons dépouillé.— N’en ayez point souci,
Reprit en souriant Jésus. C’est bien ainsi.
Si mes roses sont dévastées,
Il me suffira, pour ma part,
Des épines qui sont restées, »

Et, comme un feu soudain brillait dans son regard,
D’obéir à sa voix les enfants s’empressèrent.
S’étant baissés, ils ramassèrent