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C’ÉTAIT ÉCRIT !

enfant s’est mariée (s’est-elle réellement mariée ?) en est-il parmi nous à avoir assisté à la cérémonie ? non, pas un seul. Quand elle est morte, combien l’ont regrettée ? tous, sans exception. Quoi ! toutes les divergences d’opinion se sont-elles donc écroulées devant sa tombe ? Oui, et que Dieu en soit béni !

Retournons en arrière et laissons la parole à Iris, alors que, encore dans la fleur de l’âge, elle avait devant elle une carrière orageuse à fournir.

IV

Sir Giles, parrain de miss Henley, pouvait passer pour un être privilégié. Posant ses mains velues sur les épaules de sa filleule, il l’embrassa sur les deux joues. Après ces démonstrations de tendresse, il demanda par suite de quelles combinaisons extraordinaires elle s’était décidée à quitter Londres, pour venir lui rendre visite à sa maison de banque d’Ardoon ?

« J’avais la volonté bien arrêtée de m’éloigner de la maison paternelle, répondit Iris Henley ; n’ayant personne à aller voir, j’ai pensé à mon parrain, et me voilà.

— Toute seule ? s’écria sir Giles.

— Non pas, avec ma femme de chambre.

— Rien qu’elle, hein ? Vous avez sûrement des camarades parmi les jeunes filles de votre rang ?

— Des connaissances, oui, des amies, non.

— Votre père a-t-il approuvé votre plan ? demanda le banquier en regardant altentivement son interlocutrice.

— Voulez-vous m’accorder une faveur, parrain ?

— Oui, si c’est chose possible.

— Eh bien ! n’insistez pas sur ce point délicat », répondit-elle.

La légère coloration, qui s’était répandue sur le visage de la jeune fille au moment de son entrée dans la pièce, s’était dissipée tout à coup. Ses lèvres serrées révélaient cette volonté inébranlable qui provient, le plus souvent, du senti-