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Page:Collins - C’était écrit.djvu/24

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C’ÉTAIT ÉCRIT !

le chemin de Garvan. Bientôt la brise s’élève et les échancrures des nuages s’élargissent très grandes !

Pendant un moment, les lueurs de la lune mourante blanchissent la terre du chemin. Iris estime qu’elle a franchi plus de la moitié de la distance qui sépare la petite ville de la borne milliaire. Peu après, les arbres, les bâtisses, prennent des teintes confuses et quelques gouttes d’eau rafraîchissent la température. À la faveur des observations faites par Iris pendant la journée, elle sait que la borne milliaire se trouve à droite de la route, mais la couleur grise de la pierre fait qu’il est difficile de rien distinguer. Elle craint un instant d’avoir dépassé le but ; elle constate en regardant le ciel que toute menace de pluie a disparu ; pour l’instant, la lune blême jette ses dernières clartés sur la terre engourdie. Devant Iris, la roule se déroule à perte de vue et c’est tout ; enfin, la jeune fille n’est plus qu’à quelques pas de la borne milliaire. Un mur de pierres brutes borde les deux côtés du chemin. Une brèche, fermée partiellement par une claie, est visible précisément derrière la fameuse borne. Un petit aqueduc à moitié en ruine, jeté sur le fossé, à sec pour l’instant, conduit à un champ. Les agents de police n’avaient-ils pas déjà choisi cet endroit comme refuge ? Un sentier et au delà la masse sombre d’un bouquet de bois, étaient tout ce que l’œil pouvait percevoir.

Au moment Iris faisait ces découvertes, la pluie recommença à tomber ; les nuages se rapprochèrent en bloc et la lune se cacha ; c’est alors qu’une difficulté, que la jeune imprévoyante n’avait pas prévue, se présenta à son esprit.

Lord Harry pouvait arriver à la borne milliaire par trois voies différentes, l’une venant de la ville, l’autre de la campagne et enfin la troisième aboutissait au petit aqueduc et au champ dont nous avons parlé ; surveiller à la fois ces trois débouchés par une nuit noire était chose impossible. En pareil cas, un homme guidé simplement par la raison, avant d’arriver à une décision satisfaisante, eût pu perdre un temps précieux en tergiversations ; au contraire, une femme, obéissant au sentiment de l’amour, résolut en un instant le problème. Elle prit le parti de se poster bravement près de la