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Page:Collins - C’était écrit.djvu/40

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C’ÉTAIT ÉCRIT !

des étrangers à Rathco ? » et sa réponse : « Oui, deux ouvriers qui travaillent au jardin », se présentèrent instantanément à l’esprit d’Iris. Elle en conclut, comme lord Harry, que le mieux était de conseiller à Mme Lewson d’écrire à Arthur Montjoie, en le conjurant de changer l’heure de son départ, sans en rien laisser transpirer, bien entendu, et de quitter Rathco à la muette.

Mme Lewson approuva en tout point le plan proposé par Iris et sans perdre de temps, elle va s’enfermer dans le parloir, afin d’y griffonner la missive en question. Elle pria même miss Henley d’attendre, pour remonter chez elle, que la lettre fût terminée. Le fond de la pensée de la brave dame, c’était qu’Iris pût prendre connaissance de l’épître, avant qu’elle fût adressée au destinataire.

Restée seule dans le hall, Iris, la porte ouverte devant elle, les yeux levés vers le ciel, songeait.

La vie des deux êtres qui lui inspiraient le plus vif intérêt, quoique à des titres très différents, était également menacée. Pour l’instant, celui qui courait les dangers les plus réels, c’était lord Harry, ce réprouvé, cet insurgé, ce révolté, dont le passé ne pouvait être facilement percé à jour, mais, disons-le à sa décharge, qui était prêt à risquer sa vie pour sauver celle de son ami. Au cas où lord Harry voudrait courir les champs à l’aventure, en ce voisinage dangereux de la ferme, sans soucis des assassins qui pouvaient être postés derrière les haies, Iris, seule, se targuait de posséder assez d’influence sur lui pour le décider à fuir ces parages, très loin ! Lorsqu’elle était venue rejoindre Mme Lewson dans le hall, c’était la réflexion à laquelle elle s’était livrée. L’instant d’après, sa résolution étant prise, elle sortit déterminée à mettre son plan à exécution.

Iris commença par faire le tour des bâtiments, poussant à travers l’obscurité, tantôt une pointe par-ci, tantôt une pointe par-là, tantôt enfin balbutiant le nom de lord Harry. Pas une créature vivante ne parut ; aucun bruit de pas ne troubla le calme de la nuit. Évidemment, lord Harry s’était éloigné de ces lieux redoutables.

Ce fait inespéré mit au cœur de la jeune fille une douce sécurité et une grande joie !