miss Halcombe entrerait seule, et que je l’attendrais au dehors de la maison, mais à portée de la voix. Nous réglions ainsi les choses, craignant que ma présence, après ce qui s’était passé la veille au soir dans le cimetière, ne réveillât les terreurs nerveuses d’Anne Catherick, et n’ajoutât aux méfiances que devaient lui inspirer les prévenances d’une dame qu’elle allait voir pour la première fois de sa vie. Miss Halcombe me devança, dans l’intention de parler d’abord à la femme du fermier (sur le bon vouloir et l’assistance de qui elle savait d’avance pouvoir faire fond), tandis que je resterais à quelques pas de l’habitation.
Je m’étais attendu à y demeurer seul assez longtemps. Cinq minutes cependant s’étaient à peine écoulées, quand, à ma grande surprise, miss Halcombe reparut.
— Anne Catherick refuse-t-elle de vous voir ? lui demandai-je, étonné.
— Anne Catherick est partie, répondit miss Halcombe.
— Partie !
— Partie avec mistress Cléments. Toutes deux ont quitté la ferme, ce matin, à huit heures…
Je ne trouvai pas une parole, — je sentais seulement que notre dernière chance de découvertes s’était évanouie avec ces deux femmes.
— Tout ce que mistress Todd sait de ses hôtesses, je le sais aussi, continua miss Halcombe, mais je n’en suis pas plus éclairée qu’elle ne l’est elle-même. Elles sont revenues saines et sauves, hier soir, après vous avoir quitté, et, comme à l’ordinaire, ont passé avec la famille de M. Todd le commencement de la soirée. Mais, comme on allait servir le souper, Anne Catherick les a tous effrayés en se trouvant mal subitement. Une attaque du même genre, mais moins alarmante, l’avait saisie le jour même de son arrivée à la ferme ; et, ce jour-là, mistress Todd crut pouvoir l’attribuer à quelque nouvelle qu’Anne aurait lue par hasard dans notre journal de comté, posé accidentellement sur une table, et qu’elle venait de prendre depuis une ou deux minutes.
— Mistress Todd saurait-elle donc quel passage de ce