Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/168

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part personnelle au résultat le plus essentiel de sa courte résidence chez M. Fairlie. Il m’incombe, par conséquent, d’ajouter ces quelques anneaux à la chaîne des événements, et je vais la reprendre, pour cela, au point même où les mains de M. Hartright ont laissé retomber cette chaîne.

J’arrivai à Limmeridge-House, le vendredi 2 novembre.

J’avais formé le projet de rester chez M. Fairlie jusqu’à l’arrivée de sir Percival Glyde. Si la démarche qu’il faisait ainsi aboutissait à la fixation d’une date quelconque pour son union avec miss Fairlie, je devais remporter à Londres, avec moi, les instructions nécessaires pour la rédaction du contrat de mariage.

Le vendredi même, je n’eus pas l’honneur d’être reçu par M. Fairlie. Il était ou se figurait être, depuis des années, dans un déplorable état de santé, et ne se trouvait pas assez bien portant pour me donner audience. Ce fut, de toute la famille, miss Halcombe que je vis la première. Elle m’accueillit à la porte du château, et voulut bien me présenter à M. Hartright, qui séjournait à Limmeridge depuis quelque temps déjà.

Je ne vis miss Fairlie que plus tard, dans la journée, seulement à l’heure du dîner. Elle ne paraissait pas très-bien portante, et j’en fis la remarque avec peine. C’est une jeune fille aimable et douce, aussi charmante, aussi attentive pour tous ceux dont elle est entourée que le fut jadis son excellente mère, — bien que, par son extérieur, elle rappelle plutôt l’auteur de ses jours. Mistress Fairlie avait des yeux et des cheveux noirs ; sa fille aînée, miss Halcombe, me la rappelle d’une manière frappante. Miss Fairlie nous fit, le soir un peu de musique, — et ne joua pas, ce me semble, aussi bien qu’à son ordinaire. Nous eûmes un « rubler » au whist ; véritable profanation de ce noble jeu, du moins, quant à l’attention que semblaient y porter mon partner et mes adversaires. M. Hartright, dès le moment où nous fûmes présentés l’un à l’autre, m’avait favorablement impressionné ; mais je découvris bientôt qu’il n’était pas exempt de quelques-uns des défauts de savoir-vivre qui sont ceux de son âge et de son époque. Il y a trois choses qu’ignorent absolument les