Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/172

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j’avais conservée pour la soumettre à son inspection. Il me remercia, et refusa d’y jeter les yeux, disant qu’il avait vu la copie, et qu’il était tout disposé à laisser la minute dans nos mains.

Le détail des faits qu’il aborda ensuite, immédiatement, répondit à mon attente par son caractère simple et tout à fait explicite.

« Mistress Catherick, nous apprit-il, lui avait fait contracter, à une époque antérieure, certaines obligations, résultant de services qu’elle avait rendus, tant à lui-même qu’à quelques membres de sa famille. Elle avait eu le double malheur, depuis lors, d’être abandonnée par l’homme qu’elle avait épousé, puis de rester avec une enfant dont les facultés mentales se montrèrent fort incomplètes dès son jeune âge. Bien que le mariage de mistress Catherick l’eût transportée dans une partie du Hampshire fort éloignée de celle où était situé le domaine de sir Percival, il avait eu soin de ne pas la perdre de vue ; son amitié pour cette pauvre femme et sa reconnaissance pour ses services passés, se trouvant très-fortifiées par l’admiration que lui inspiraient la patience et le courage avec lesquels elle supportait les coups du sort. Avec le temps, les symptômes d’infirmité mentale qui s’étaient manifestés chez sa malheureuse fille, prirent un tel caractère de gravité, qu’il devint indispensable de la soumettre à un traitement assidu. Mistress Catherick elle-même reconnut cette nécessité ; mais elle avait, en même temps, un préjugé commun à toutes les personnes d’une certaine condition, et qui l’empêchait de permettre que sa fille fût admise, par le bénéfice de la charité publique, dans un hôpital ordinaire. Sir Percival prit en considération ce préjugé, par suite du respect que lui inspirait, à tous les degrés de l’échelle sociale, un sentiment vrai d’honnête indépendance ; aussi avait-il résolu de reconnaître le long attachement de mistress Catherick aux intérêts de sa famille, en défrayant le séjour de sa fille dans un « asile » particulier, digne de toute confiance. Au grand regret de la mère, au grand regret de sir Percival lui-même, l’infortunée créature avait découvert la participa-