Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/193

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La lettre se terminait ainsi, sans un mot sur les circonstances qui avaient pu décider miss Fairlie à céder aux vœux de sir Percival Glyde, dans un si court espace de temps à partir du moment où je l’avais vue pour la dernière fois. La cause de cette détermination soudaine m’a été complètement expliquée à une époque ultérieure. Ce n’est point mon affaire de la relater ici imparfaitement, et sur de simples ouï-dires. Miss Halcombe s’est trouvée mêlée personnellement à ces circonstances ; et, lorsque son récit suivra le mien, elle les racontera dans leur détail, exactement comme elles arrivèrent. D’ici là, l’unique tâche que j’aie à remplir, — avant de poser à mon tour la plume et de céder à d’autres la suite du récit, — c’est de relater l’unique événement, ayant trait au mariage de miss Fairlie, dans lequel j’aie pris encore une part essentielle, à savoir la rédaction du contrat. Il est impossible de rendre intelligible ce qu’il faut dire de ce document, sans entrer, au préalable, dans certaines particularités relatives aux intérêts pécuniaires de la fiancée. Je tâcherai de rendre mes explications courtes et simples ; je les affranchirai, autant que possible, des obscurités techniques auxquelles tant de jurisconsultes semblent se complaire. L’objet est de la dernière importance. J’avertis tous les lecteurs de ces lignes que l’héritage de miss Fairlie joue un grand rôle dans l’histoire de miss Fairlie ; et que, s’ils aspirent à comprendre les récits qu’on doit encore faire passer sous leurs yeux, il faut que, sur ce point, l’expérience de M. Gilmore devienne la leur.

Miss Fairlie avait à espérer deux sortes de propriétés : d’une part, l’héritage éventuel de certains biens immobiliers, quand son oncle viendrait à mourir ; de l’autre, à l’époque de sa majorité, la succession certaine des biens meubles ou capitaux qui lui venaient de son père.

Commençons par les immeubles.

Au décès du grand père paternel de miss Fairlie (que, pour plus de clarté, nous appellerons Fairlie l’aîné), les droits de substitution successorale sur le domaine de Limmeridge s’établirent ainsi :

M. Fairlie l’aîné venant à mourir, laissa trois fils : Phi-