Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/265

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rez-de-chaussée, se prolongent à l’infini deux lourdes galeries, aux plafonds surbaissés, courant parallèlement l’une à l’autre, et que semble rendre plus obscures, plus tristes, une collection de hideux portraits de famille, — tous et chacun desquels j’aimerais à mettre ou feu. Les appartements du premier étage, au-dessus des deux galeries, sont assez tolérablement entretenus, mais on y loge très-rarement. La femme de charge si polie qui me servait de guide, offrait de me les montrer ; ajoutant, toutefois, que « je les trouverais peut-être un peu mal en ordre ». Mon respect pour la propreté de mes jupes et de mes bas, dépasse infiniment celui que je puis avoir pour n’importe quelle chambre à coucher du temps de la reine Élisabeth ; aussi ai-je positivement refusé l’exploration de ces régions supérieures, où j’aurais risqué parmi la poussière et les toiles d’araignée, la fraîcheur de ma toilette. La femme de charge me dit alors : — « Je suis bien de votre avis, miss ; » et très-certainement elle m’estimait la femme la plus sensée qu’elle eût rencontrée depuis longtemps.

Voilà pour ce qui concerne le bâtiment principal. À ses deux extrémités, deux ailes figurent. Celle de gauche (en arrivant au château), maintenant à demi-ruinée, formait autrefois toute l’habitation, et fut bâtie au quatorzième siècle. Un des ancêtres maternels de sir Percival, — je ne me rappelle plus lequel, n’importe, — à l’époque de la susdite reine Élisabeth, vint y clouer, à angle droit, ce qui est aujourd’hui le principal corps de logis. La femme de charge m’assura que l’architecture de « l’aile ancienne », tant à l’extérieur qu’à l’intérieur, faisait l’admiration des bons juges en cette matière. En y regardant de plus près, j’ai découvert que ces bons juges, pour exercer leur sagacité sur cette magnifique vieillerie, avaient dû bannir de leur esprit toute crainte inspirée par l’humidité, les ténèbres et les rats. Dans ces circonstances, je n’hésitai pas à m’avouer « un très-mauvais juge » ; et je proposai d’adopter, pour « l’aile ancienne », la marche déjà suivie à l’égard des chambres à coucher du temps d’Élisabeth ; — « Je suis bien de votre