commencement, Laura ! Dites-moi, mot pour mot, ce qui s’est passé entre cette femme et vous.
— Faut-il auparavant fermer la fenêtre ?
— Non ; seulement, parlez bas ! Rappelez-vous, sans plus, qu’il est dangereux, sous le toit de votre mari, de prononcer le nom d’Anne Catherick… Où l’avez-vous rencontrée d’abord ?
— À l’embarcadère, Marian. J’étais sortie, vous le savez, pour chercher ma broche, et j’ai d’abord suivi le sentier qui traverse les plantations, pas à pas, regardant à terre avec soin. Je suis arrivée ainsi, après un long trajet, jusqu’à la vieille hutte au bord du lac ; et dès que j’y fus entrée, je me mis à genoux pour explorer le plancher. J’y cherchais encore, le dos tourné vers la porte, lorsque j’entendis derrière moi une voie inconnue, d’une extrême douceur : — Miss Fairlie ! disait cette voix.
— Miss Fairlie ?
— Oui, mon ancien nom, ce nom cher et familier que je croyais ne devoir plus m’être jamais donné. Je me relevai en sursaut, non pas effrayée, — car cette voix était trop douce et trop bonne pour faire peur à qui que ce soit, — mais véritablement très-surprise. Là, debout, sur le seuil d’où elle me contemplait, je vis une femme dont le visage m’était complètement inconnu.
— Quel vêtement avait-elle ?
— Elle portait une robe blanche, propre et bien faite, et, par-dessus, un misérable châle de couleur foncée, presque transparent à force d’être usé. Son chapeau était de paille brune, aussi misérable, aussi fatigué que le châle. Je fus frappée de cette différence de sa robe avec le reste de son ajustement ; elle vit sans doute que j’y avais pris garde. — Ne regardez pas mon chapeau et mon châle, dit-elle, parlant à mots pressés, saccadés, comme hors d’haleine ; lorsque je ne puis porter du blanc, peu m’importe ce que je mets sur moi. Regardez ma robe tant que vous voudrez. D’elle, au moins, je n’ai pas honte… Singulier langage, n’est-il pas vrai ? Avant que j’eusse pu dire quoi que ce fût pour m’excu-