Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/439

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— Oui. Je suis allé chez sa mère ; j’ai fouillé le village… et tout cela sans résultat aucun.

— Peut-on compter sur sa mère ?

— Oui.

— Elle a pourtant, une fois, révélé votre secret.

— Cela ne lui arrivera plus.

— Pourquoi pas ? Est-ce que ses propres intérêts, aussi bien que les vôtres, doivent la porter à se taire ?

— Oui… Elle y est fortement intéressée.

— Je suis charmé pour vous, Percival, qu’il en soit ainsi. Ne vous découragez pas, mon ami. Nos affaires d’argent, je vous le disais, me laissent le temps de me retourner, et je puis, « moi », chercher dès demain Anne Catherick avec plus de succès que vous n’avez fait… Encore une question, avant d’aller nous coucher.

— Quelle est-elle ?

— La voici. Lorsque j’allai à l’embarcadère, près du lac, prévenir lady Glyde que les petites difficultés relatives à sa signature étaient levées provisoirement, le hasard m’y conduisit assez à temps pour que je visse une femme étrangère, laquelle s’éloigna de la vôtre avec des allures passablement suspectes. Mais ce même hasard ne me plaça pas assez près d’elle pour que je pusse discerner clairement les traits de cette même femme. Il faut pourtant que je sois à même de reconnaître l’invisible demoiselle. Faites-moi un peu son portrait.

— Son portrait ?… Je vais vous le tracer en deux mots… Figurez-vous ma femme, après une longue maladie…

Le fauteuil craqua, et le pilastre, une fois de plus, fut ébranlé. Le comte avait encore bondi hors de son siège, — cette fois dans un élan de surprise.

— Comment !!! s’écria-t-il d’une voix fort émue.

— Oui, reprit sir Percival ; représentez-vous ma femme, au sortir d’une longue fièvre, et la tête un peu dérangée… vous aurez devant vous Anne Catherick.

— Y a-t-il donc entre elles un lien de parenté ?

— Pas le moindre.

— Et elles se ressemblent à ce point ?