Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/474

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à Blackwater-Park ; — quelquefois on n’était pas à table avant dix heures, jamais plus tôt qu’à neuf heures et demie. Le matin dont je parle, miss Halcombe (qui habituellement descendait la première) ne vint pas se mettre à table. Après qu’on l’eût attendue plus d’un quart d’heure, la principale femme de chambre reçut ordre d’aller s’enquérir d’elle, et revint en courant de son appartement, prise tout à coup d’un grand effroi. Je la rencontrai sur l’escalier, et me rendis immédiatement chez miss Halcombe pour voir de quoi il s’agissait. La pauvre jeune lady était hors d’état de me l’apprendre. Elle marchait dans sa chambre, une plume à la main, en proie à un délire complet et à une fièvre ardente.

Lady Glyde (n’étant plus au service de sir Percival, je puis, sans inconvenance, donner à mon ancienne maîtresse le nom qu’elle porte, au lieu de l’appeler « milady »), lady Glyde fut la première qui accourut, arrivant de sa chambre à coucher. Ses alarmes, son désespoir, la rendaient complètement inutile. Le comte Fosco et sa femme, qui montèrent immédiatement après, furent tous deux très-serviables et très-bons. Sa Seigneurie la comtesse voulut bien m’aider à remettre au lit miss Halcombe.

Sa Seigneurie le comte, resté dans le salon d’attente, s’étant fait apporter ma petite pharmacie, prépara une mixtion pour miss Halcombe, ainsi qu’une lotion rafraîchissante à lui appliquer sur les tempes, de façon à ne pas perdre de temps avant l’arrivée du médecin. La lotion fut appliquée ; mais nous ne pûmes jamais décider la malade à prendre le breuvage préparé pour elle. Sir Percival se chargea de mander le médecin. Il envoya un groom, à cheval, chercher le plus voisin des docteurs du pays, M. Dawson de Oak-Lodge.

M. Dawson arriva moins d’une heure après. C’était un homme déjà un peu mûr, parfaitement respectable, très-connu dans le pays, et qui nous fit grand’peur en nous déclarant qu’il regardait la situation comme très-grave.

Sa Seigneurie le comte, toujours affable, entama une conversation avec M. Dawson, et lui fit connaître librement ce qu’il pensait de l’état des choses. M. Dawson, qui ne