Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/517

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où je vous parle, se trouve miss Halcombe, parfaitement à son aise et en voie de guérison… Conduisez-l’y, mistress Rubelle (vous avez sans doute votre clef sur vous ?) conduisez-y mistress Michelson, et laissez-la se bien assurer que, cette fois, il n’y a pas de tromperie…

Le ton sur lequel il me parlait, et les quelques instants qui s’étaient écoulés depuis notre sortie du jardin, m’aidèrent à retrouver un peu de sang-froid. Ce que j’aurais fait, à ce moment critique, si toute ma vie s’était passée au service des autres, il me serait impossible de le dire. Étant ce que j’étais, ayant les sentiments, les principes, l’éducation d’une lady, je ne pouvais hésiter sur le parti qui me restait à prendre. Mon devoir envers moi-même et mon devoir envers lady Glyde m’interdisaient également de rester sous les ordres d’un homme qui nous avait honteusement trompées toutes deux, par une série d’odieuses dissimulations.

— Avec votre permission, sir Percival, j’aurais quelques mots à vous dire en particulier. Cela fait, je serai toute disposée à me rendre, avec cette personne, dans la chambre de miss Halcombe…

Mistress Rubelle, que j’avais indiquée par un léger mouvement de tête, aspira, d’un air insolent, les parfums de son bouquet, et s’écarta de nous d’un pas délibéré, se dirigeant vers la porte du château.

— Eh bien ! dit sir Percival avec une sorte d’aigreur, qu’y a-t-il maintenant ?

— Je désirais vous faire savoir, monsieur, que j’entends résigner les fonctions dont je suis chargée à Blackwater-Park… Telle fut littéralement ma déclaration. Je l’avais résolu, les premières paroles que je lui adresserais devaient exprimer l’intention bien formelle de quitter son service.

Il me foudroya d’un de ses plus noirs regards, et, par un geste irrité, enfonça ses mains dans les poches de sa redingote.

— Pourquoi ? dit-il ; j’aimerais assez à savoir pourquoi.

— Il ne me conviendrait pas, sir Percival, d’exprimer une opinion sur ce qui s’est passé dans ce château. Mon