Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/519

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dres un voyage inutile, au moment même où elle était à moitié privée de sa raison par suite des inquiétudes que lui causait miss Halcombe. Tout naturellement, je gardai ces idées par devers moi, et n’ajoutai rien qui pût l’irriter ; mais je n’en étais pas moins résolue à persister. Une réponse douce détourne la colère, et je contins mes sentiments, en conséquence, lorsque vint mon tour de répliquer :

— Tant que je serai à votre service, sir Percival, lui dis-je, j’espère connaître assez mes devoirs pour ne pas m’enquérir de vos motifs. Quand je n’y serai plus, j’espère que je saurai me tenir assez à ma place pour ne point parler de ce qui ne me regarde pas.

— Quand voulez-vous partir ? me demanda-t-il, m’interrompant avec assez peu de cérémonie. Ne supposez pas que j’ai le moindre désir de vous garder : ne supposez pas que je m’inquiète de vous voir quitter le château. J’agis en tout ceci, du commencement à la fin, en toute franchise et sans rien vouloir cacher… Quand vous plaît-il de partir ?…

— Je désirerais quitter aussitôt que mon départ ne vous gênera pas, sir Percival.

— Mes convenances n’ont rien à faire avec votre départ. Je quitterai le château, quoi qu’il arrive, demain matin, et je puis régler vos comptes dès ce soir. Si vous voulez vous conformer aux convenances de quelqu’un, préoccupez-vous de celles de miss Halcombe. L’engagement de mistress Rubelle finit aujourd’hui ; elle a ses raisons pour rentrer à Londres dès ce soir. Si vous partez immédiatement, miss Halcombe restera donc dénuée de toute assistance…

J’espère n’avoir pas à dire que j’étais parfaitement incapable d’abandonner miss Halcombe, dans des circonstances aussi difficiles que celles où elle se trouvait ainsi que lady Glyde. Après m’être fait répéter par sir Percival que mistress Rubelle partirait immédiatement si je prenais sa place, et après avoir aussi obtenu de lui la permission de faire en sorte que M. Dawson recommençât à surveiller sa malade, je consentis volontiers à rester à