Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/577

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cette lettre, vous donner aucun détail. Je l’écris avec une telle peur d’être découverte, qu’il m’est impossible d’arrêter mon esprit sur quoi que ce soit. Veuillez, je vous prie, vous trouver chez vous quand j’irai. Je vous donnerai mille baisers et vous mettrai au courant de tout. — Votre Laura bien affectionnée. » Quel parti pouvait-on tirer de ces quelques lignes ? Aucun, bien certainement.

En revenant de chez mistress Vesey, j’engageai Marian à écrire (non sans observer les précautions dont j’usais moi-même) à mistress Michelson. Elle pourrait, si cela lui convenait, exprimer en général, quelques soupçons sur la conduite du comte Fosco, et devait demander à l’ex-femme de charge de nous fournir, dans l’intérêt de la vérité, une constatation précise des événements. Pendant que nous attendions la réponse, qui nous arriva au bout de huit jours, j’allai visiter le médecin de Saint-John’s Wood ; je me présentai comme envoyé de miss Halcombe pour compléter, s’il y avait lieu, les détails que M. Kirle avait pris le soin de se procurer, sur les derniers moments de « feu lady Glyde. » Assisté par M. Goodricke, j’obtins une copie du certificat mortuaire, et une entrevue avec la femme (nommée Jane Gould) qui avait été choisie pour les soins préliminaires de l’ensevelissement.

Par l’entremise de cette personne, je découvris aussi un moyen de me mettre en communication avec la domestique, Hester Pinhorn. Elle venait de quitter sa place, par suite d’un désaccord avec sa maîtresse, et logeait chez certaines gens du voisinage, connus de mistress Gould. Ce fut ainsi que j’obtins les Relations de la femme de charge, du docteur, de Jane Gould et de Hester Pinhorn, exactement telles qu’on les a précédemment trouvées dans ces pages.

Muni d’un surcroît d’enquête si important, je me crus suffisamment préparé à la consultation que je voulais avoir avec M. Kyrle. Marian lui écrivit, en conséquence, qui j’étais, lui marquant le jour et l’heure où je désirais m’entretenir avec lui en particulier.

Je trouvai, dans le cours de cette matinée, le temps de